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2#Machine à grammaire

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2.1 Indication didactique

Dominic Harion

L’enseignement de la grammaire – et pas seulement celui d’une langue étrangère, mais aussi celui de la langue maternelle – a un statut particulier dans le cursus scolaire : d’une part, en comparaison avec l’enseignement de la littérature, il semble incomparablement plus limité en ce qui concerne la didactique, la méthodologie et les formes sociales de l’enseignement, d’autre part, ce manque de variantes se reflète également dans les offres limitées d’unités numériques d’enseignement-apprentissage pour les phénomènes grammaticaux. Pour nous les enseignants, l’enseignement de la grammaire signifie le plus souvent : un recours à la méthode traditionnelle du cours magistral, en général enrichie de fiches de travail et d’exercices, afin de garantir un transfert optimal de la «matière» apprise.

Ce module vise à offrir une approche ludique et socioconstructiviste¹ en se concentrant sur la négation en français (simple, forte et faible). Comme les constructions syntaxiques peuvent être représentées par des diagrammes structurels, les élèves sont chargés soit de remplir de tels diagrammes avec des contenus prédéfinis, soit de créer eux-mêmes des contenus et de les utiliser : ils construisent une «machine à grammaire» qui permet de fabriquer des phrases différentes en suivant toujours le même schéma et en analysant son fonctionnement. Les « composants « de la Machine à grammaire, peuvent en outre être utilisés pour d’autres leçons, par exemple pour la détermination des éléments de la phrase ainsi que pour la représentation des structures de la grammaire de valeur.

L’approche didactique suit ici en partie celle que Constanze Weth a présentée et illustrée en pratique pour le niveau primaire avec les «Briques de grammaire», à savoir rendre les structures grammaticales accessibles aux élèves par exemple en expérimentant avec un jeu de construction complexe (cf. Weth 2017, 8) : étant donné que l’écriture extériorise et objective la langue, le matériel multisensoriel comme les éléments de la Machine à grammaire, qui peuvent être manipulés par les élèves eux-mêmes, est particulièrement adapté pour comprendre la langue en tant qu’objet et apprendre à l’utiliser de manière ludique (ibid. 17) – pour ne pas parler des aspects motivationnels qu’une telle ludification implique. Le nombre limité de modèles de phrases et de mots permet d’une part de se concentrer sur des éléments spécifiques de la langue et, d’autre part, de permettre aux apprenants de les saisir et de s’exercer avant de les développer et de les appliquer dans des contextes plus vastes (ibid., 18).

Une telle approche de l’exercice communicatif (et de la réflexion (métalinguistique) sur les structures grammaticales en classe) vise l’automatisation de «chunks mémorisables et récupérables de manière holistique» (Aguado 2012, 16), c’est-à-dire de syntagmes ou de formulations fixes en plus de l’acquisition de connaissances sur les règles grammaticales, qui permettent aux élèves de se décharger cognitivement et affectivement lors de la planification de formulations dans la langue à acquérir (evd., 19). Le volume et les contenus des éléments de la Machine à grammaire peuvent être adaptés de manière flexible aux besoins de chaque classe, mais aussi de chaque groupe d’apprenants ou de chaque élève.

Au-delà de la priorité thématique que la négation occupe régulièrement dans le curriculum des classes visées par PITT, le fait que les adverbes (ou particules) utilisés pour exprimer la négation en français puissent être présentés, répétés et différenciés à l’échelle d’une unité d’enseignement/enseignés de beaucoup de manières plaide également en faveur de la méthode présentée sur ce site. Dans le mode de présentation adopté ici, ils peuvent être rattachés au chapitre 3.1 du deuxième volume de Bleu – Blanc – Rouge (MENJE 2019) ainsi qu’à l’unité 6 du deuxième volume d’Envol Luxembourg 1 (Da Silva et al. 2015), de même qu’à la grammaire modulaire pour le Fondamental, dont les codes de couleur ont été repris pour les types de mots.

¹Le socioconstructivisme désigne une approche pédagogique qui met l‘accent sur la collaboration entre les apprenants et qui part du principe que les connaissances sont quelque chose de construit au cours d’une interaction sociale et non pas quelque chose de donné à priori.

Références :
Weth, C. (2017). Bausteng Grammatik – Bausteine Grammatik – Briques de Grammaire: Material zum Erforschen von Wörtern und Sätzen. Luxemburg: SCRIPT/University of Luxembourg.
Aguado, K. (2012). Progression, Erwerbssequenzen und Chunks. Zur Lehr- und Lernbarkeit von Grammatik im Fremdsprachenunterricht. AkDaF Rundbrief, 64, 7–22.
MENJE (2017): Bleu Blanc Rouge 2. Parcours de langue française. Élaboré conformément au programme luxembourgeois par un groupe de travail du SCRIPT / MENJE, composé de : Louis Berg, Jean-Louis Weis et Caroline Ewert.
Da Silva, Sandra; Fiorucci, Andrea; Mehdaoui, Khalid; Metz, Léa (2015): Envol Luxembourg. Tome 2.

 

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