#Français

1#Manga Darwin’s Incident

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PITT

1.1 Indication didactique

1.1.1
Introduction théorique

Sandra Baumann

Le manga en France

Les Français ont toujours eu une passion pour le neuvième art. En 2021, 85 millions de bande dessinées se sont vendues dans le pays dont la moitié étaient des mangas. La France occupe ainsi la deuxième place de consommateur de mangas au monde. Il n’y a qu’au Japon que le manga peut rivaliser en popularité. En 2022 le manga a doublé ses ventes par rapport à l’année précédente. En 2021, 47 millions de mangas ont été vendus dans l’hexagone. Les jeunes d’aujourd’hui sont fascinés par le manga et la culture orientale ainsi que le langage qu’il utilise et que les jeunes se sont très vite approprié. La grande force du manga, c’est son aspect sériel qui donne envie aux lecteurs de lire la suite et tous volumes subséquents (ARTE TV, 2022).

Quel genre littéraire devrait être au programme d’études des écoles ? D’un côté, on demande aux enseignants de cibler leurs efforts sur le canon littéraire traditionnel. De l’autre côté, on recommande d’adapter le choix de textes littéraires à l’environnement et aux intérêts des adolescents afin de les aider dans le développement de leur vie (Bertschi-Kaufmann, p. 11). Les bandes dessinées, les romans graphiques et les mangas sont le genre préféré de nombreux élèves des classes inférieures de l‘enseignement secondaire. La lecture d‘un manga dans le cours de français peut profiter de cette expérience de lecture si on examine non seulement le contenu, mais aussi le mode de représentation, notamment l‘interaction entre les images et les parties visuelles du manga ainsi que les aspects linguistiques, la manière de dessiner les personnages et la création d‘une tension au sein de l’histoire. Les observations que les élèves font en analysant le manga peuvent être comparées avec d‘autres exemples de leurs expériences de lecture (Bertschi-Kaufmann, p. 59).

Le manga représente un genre qui combine les loisirs des jeunes avec l’éducation littéraire parce que les mangas font partie de leur vie. Pour cette raison, le manga semble être le genre littéraire idéal pour augmenter leur envie de lecture et pour susciter leur motivation de se plonger dans un récit. Au-delà des compétences visées dans le référentiel pour les classes de 7e et de 6e ESC, ce genre littéraire cherche à développer une compétence en matière d’images qui mène à une analyse des relations entre le visuel et du textuel (visual literacy) (Ludwig, C. (2021).

En France, plusieurs initiatives éducatives montrent le grand intérêt pour les livres de BD.
Selon le Syndicat national de l’édition (SNE), « la bande dessinée peut jouer un rôle majeur dans l’éducation artistique et culturelle des enfants et constitue un support pédagogique à part entière . Pour cette raison, le SNE s’engage en faveur d’une intégration plus forte de la BD dans les parcours scolaires. En 2019, le SNE lance une étude sur la place de la bande dessinée dans l’enseignement. Les résultats montrent la plus-value de ce genre littéraire en salle de classe. Les enseignants qui travaillent avec des livres de BD en salle de classe témoignent de l’engouement des jeunes pour ce format. À leur avis, « la BD constitue un levier privilégié pour construire des projets pédagogiques dans toutes les disciplines enseignées à l’école (littérature, sciences, philosophie, histoire, arts plastiques, éducation civique…) ». L’année 2020 était l’année de la BD en France. À cette occasion le groupe Bande dessinée du SNE a lancé en janvier 2020 une nouvelle collection, « La BD en classe » autour d’une thématique. Un dossier enseignants et un carnet d’élèves ont été conçus pour l’ensemble des professionnels œuvrant en milieu scolaire. Ce dossier offre un corpus de diverses bandes dessinées y compris des mangas (Syndicat national de l’édition, France 2023).

Le concours de la BD scolaire est le plus grand concours européen de création de bande dessinée francophone en milieu scolaire. Organisé avec le soutien du Ministère de l’Education nationale, il montre l’importance de ce genre littéraire dans l’enseignement en France. Ce concours dont les objectifs principaux sont la sensibilisation des élèves à la bande dessinée et à l‘image, l‘appropriation des codes et des règles de la bande dessinée, le développement de la créativité des élèves et la stimulation de leur imagination par la création d‘une bande dessinée, le développement de la capacité d‘écriture et la mise en valeur de leur potentiel créatif, fête en 2023 sa 50e édition (Ministère de l’Education nationale et de la jeunesse, EDUSCOL, 2023).

Dans une étude récente relative aux habitudes de lecture des élèves luxembourgeois, une équipe de recherche de l‘Université du Luxembourg a constaté que les compétences de lecture ne varient pas selon le genre de littérature préféré des élèves. Les élèves qui ont indiqué une préférence pour la lecture de mangas montrent les mêmes compétences littéraires que ceux et celles qui préfèrent lire des romans (Krämer, C. et al., 2023). Au Luxembourg, les livres de BD et de manga font partie de la vie quotidienne. Aux libraires du Grand-Duché, le choix de livres de BD et de manga devient de plus en plus grand et varié.

 

Bibliographie :
Arte TV. (2022). Manga Mania en France.
Bertschi-Kaufmann, Andrea. (2022). Literarische Bildung: neu im Fokus – Text- und Medienvielfalt im Unterricht der Sekundarstufe I. Hannover: Klett/Kallmeyer.
Ludwig, Christian. (2021). Mit Comics die Lese- und Bildkompetenz schulen. In: Englisch 5–10 Heft Nr. 54/2021. Comics und Graphic Novels. Seelze. Friedrich Verlag.
Kana. (2022). Darwin’s Incident. https://www.kana.fr/series/darwins-incident/
Krämer, Charlotte, Rathmacher, Yannick, Tremmel, Katharina, Ottenbacher, Martha. (2023). Neue Erkenntnisse zu den Lesegewohnheiten luxemburgischer Schülerinnen und Schüler. http://hdl.handle.net/10993/54581
Le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg. (2022). eSchoolBooks. Enseignement Secondaire. Programmes. Référentiels pour les classes de 6e ESC et de 6e ESG :
https://ssl.education.lu/eSchoolBooks/Web/ES/-1/-1/Programmes/Search
Le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg. (2010). Français. Référentiel des compétences. Régime préparatoire. https://men.public.lu/fr/publications/enseignement-secondaire/apprentissages/fr-referentiel-competences-regime-preparatoire.html
Ministère de L’Education nationale et de la jeunesse. France. (2023). EDUSCOL. https://eduscol.education.fr/3472/concours-de-la-bd-scolaire
Syndicat national de l’édition. (2023). https://www.sne.fr/actu/etude-la-place-de-la-bande-dessinee-dans-lenseignement/

1.1.2
Fondements théoriques

Dr Nancy Morys (Université du Luxembourg)

La bande dessinée – un genre littéraire à part entière pour l’enseignement du français ?

La bande dessinée est un genre littéraire qui s’est de plus en plus établi dans l’enseignement du français, même si ses potentialités didactiques semblent parfois être sous-estimées.

Dans une étude scientifique (Morys 2018), les lignes directrices d’une didactique de la bande dessinée pour l’enseignement du français ont été systématisées sur la base de données empiriques, entre autres des analyses qualitatives de publications didactiques, de manuels scolaires, d’interviews et de questionnaires avec des enseignants ainsi que de questionnaires et productions d’apprenants.

Les données empiriques de cette étude ont été collectées en grande partie dans le contexte de « Francomics » (www.francomics.de), un projet de lecture initié en 2009 par l’Institut franco-allemand à Erlangen (Allemagne) en coopération avec la Maison d’édition Cornelsen, l’Institut français Allemagne et l’Institut français Autriche. Il sera réalisé pour la sixième fois à partir de septembre 2023. Dans ce projet, les classes participantes lisent une sélection prédéfinie de plusieurs bandes dessinées, choisissent leur livre préféré et soumettent une critique auprès de l’Institut franco-allemand, qui attribue des prix aux meilleurs textes. Le projet vise donc à initier les jeunes à la culture de la bande dessinée francophone et à la lecture de textes intégraux en langue française. Même si le projet s’adresse aux apprenants de français germanophones, ses principes méthodologiques ainsi que les résultats scientifiques de cette étude peuvent être transférés au contexte de l’apprentissage du français de l’enseignement classique et général du Luxembourg.

Les résultats scientifiques prouvent que la bande dessinée – sous la condition qu’elle soit utilisée à bon escient en classe de langue – permet de promouvoir un large éventail de compétences de lecture, ainsi que de compétences langagières, littéraires, visuelles, esthétiques et culturelles :

1. Compréhension écrite et visuelle

La lecture de bandes dessinées peut favoriser la lecture intensive et extensive1 de textes et
la compréhension globale de l’intrigue dans son contexte visuel. Il faut cependant aider les apprenants à utiliser consciemment le visuel pour comprendre les mots clés et les principales étapes de l‘intrigue, et à combiner les différentes stratégies de lecture en alternant entre le textuel et le visuel. Selon la nature du livre, une promotion de compétences visuelles s’avère nécessaire.

Choix de méthodes favorisant la compréhension écrite et visuelle :

  • Décrire la couverture ou une/ plusieurs vignette(s) de façon détaillée, formuler des hypothèses sur le déroulement ou la suite de l’intrigue, sur les thématiques abordées et les protagonistes
  • Décrire l’apparence physique et l’expression faciale d’un personnage principal, faire des présomptions sur son tempérament, ses pensées et motivations
  • Lire une planche ou une séquence sans, puis avec le texte des bulles, comparer les idées des apprenants avec le texte initial
  • Mettre en ordre des vignettes photocopiées et découpées, résumer oralement la séquence reconstruite, comparer les solutions des apprenants avec le texte initial
  • Analyser la relation image – texte d’une bande dessinée

L’exemple pratique du manga « Darwin’s incident » est particulièrement approprié à la promotion de différentes stratégies de lecture. Les lecteurs les plus avancés pourraient être encouragés à lire l’œuvre intégrale et les volumes 2 à 4 – l’histoire captivante, la correspondance entre le texte et l’image et la fin ouverte du premier volume sont favorables à une lecture rapide, extensive et autonome, soutenue par les images. Le genre littéraire du manga, qui nécessite une lecture dans le     « sens inverse » et qui propose une manière propre de présenter les visages des personnages, permet de nouvelles expériences de lecture et un changement des habitudes de lecture. Au-delà, un travail en profondeur des premiers chapitres en salle de classe (p.ex. description d’images choisies, de la taille différente des vignettes, la lecture des images sans le texte, …) montre comment la structure visuelle des planches et le texte s‘éclairent mutuellement.

2. Compétences littéraires, visuelles et esthétiques

Le visuel ne joue pas seulement un rôle pour la compréhension globale de la bande dessinée. Ses caractéristiques favorisent – et nécessitent – aussi la promotion de compétences visuelles, esthétiques et littéraires tout au long du processus de la lecture :

Un choix réussi de différentes bandes dessinées et une exploitation didactique adaptée permettent de promouvoir la description, l’analyse et l’interprétation des images guidées
par des catégories esthétiques, la perception consciente des caractéristiques graphiques et l’interprétation de leurs fonctions et effets sur le lecteur, le jugement et l’expérience esthétique, le plaisir de lire et une attitude critique envers les médias. Les apprenants peuvent réfléchir sur leurs habitudes de lecture et sur leurs représentations esthétiques et comparer des différents médias et genres littéraires. Ils développent des compétences de narration et de (re)production de textes littéraires et ils s’exercent à décrire, analyser et interpréter la structure narrative et dramaturgique d’une œuvre littéraire à l’aide de critères appropriés. Pour aller plus loin, il est possible de promouvoir leurs capacités de production d’une bande dessinée tout en appliquant les connaissances acquises lors de l’analyse.

Alors que le choix de travailler avec une bande dessinée peut paraître surprenant, voire peu orthodoxe, la bande dessinée permet en fait un travail analytique comparable à la lecture d’un roman ou à la réception d’un film : Les apprenants apprennent à percevoir la structure formelle et dramaturgique des bandes dessinées, à analyser et interpréter le déroulement de l’intrigue et les motifs et dialogues intérieurs des personnages principaux, ils discutent les espaces vides, les non-dits et la fin (ouverte) d’une histoire et ils font connaissance des stylistiques littéraires et narratives.

En outre, le manga, plus qu’un autre genre, permet de réfléchir avec les apprenants sur la notion de suspense. Les techniques visuelles, esthétiques et littéraires du manga que nous étudions, par exemple les sauts dans le temps, la fin ouverte du livre, les mouvements rapides de la caméra, la vue détaillée des yeux ou des visages, les différentes formes des bulles et les onomatopées créent du suspense et encouragent la lecture rapide.

Les expériences des enseignants dans le projet « Francomics » montrent cependant que ces compétences ne sont pas automatiquement acquises et que les caractéristiques esthétiques de la bande dessinée présentent même parfois des obstacles à la réception pour les lecteurs qui n’y sont pas encore habitués. Raisons de plus de leur faire découvrir des œuvres qui vont au-delà de leurs expériences et habitudes et de les sensibiliser à l’immense variété de styles et formes esthétiques.

Choix de méthodes favorisant les compétences littéraires, visuelles et esthétiques :

  • Analyser – en se référant à des critères littéraires et esthétiques – les moyens graphiques particuliers à la bande dessinée (style de peinture, choix de couleurs, angles et perspectives de caméra, …) et interpréter ses fonctions pour l’intrigue
  • Comparer plusieurs bandes dessinées de styles différents, comparer les différents genres, traditions et expressions (comic, graphic novel, bande dessinée, roman graphique, album, manga, …)
  • Rédiger une lettre (fictive) à un auteur ou une critique en intégrant des argumentaires littéraires, visuels et esthétiques
  • Analyser la structure et les moyens stylistiques d’une bande dessinée (dialogues et monologues, discours raconté, sauts dans le temps, retours en arrière, …) et les comparer avec d’autres textes littéraires (roman, pièce de théâtre, film, …)
  • Dessiner – éventuellement en coopération avec l’enseignant d’éducation artistique – une ou plusieurs vignettes en expérimentant avec des styles et moyens graphiques différents

3. Compétences culturelles

D’une part, le genre de la bande dessinée lui-même est significatif sur le plan culturel, vu la variété des moyens stylistiques, ses formats différents, ses origines, son historique et ses apparences. L‘étude du genre de la bande dessinée en classe permet de comprendre quelle est sa position et sa signification au sein de la culture francophone, quels sont les différents types et particularités et qu‘il y a des bandes dessinées sur tous les sujets, c‘est-à-dire que les bandes dessinées ne sont donc pas seulement « drôles », amusantes et faciles à lire. Les apprenants peuvent ainsi se construire des connaissances sur la bande dessinée et ses caractéristiques et remettre en question leurs propres représentations.

D‘autre part, la bande dessinée peut illustrer la vie quotidienne dans des pays francophones (ou dans d’autres cultures), elle est donc un support pour l’étude d’aspects culturels. Le visuel et les correspondances texte – image permettent aux apprenants de se faire une idée des cultures cibles représentées dans les livres. La bande dessinée invite les apprenants à s‘intéresser à la culture quotidienne des pays respectifs, par exemple via le langage oral et familier utilisé dans les bulles et l‘humour linguistique, ainsi qu’aux contenus politiques, socioculturels ou historiques thématisés dans les bandes dessinées.

La promotion des compétences culturelles devra être soutenue par des discussions en classe : Ainsi, « Darwin’s incident » permet de se demander, avec les apprenants, pourquoi et comment un manga de tradition japonaise se penche sur des thèmes sociétaux et éthiques comme le terrorisme, le véganisme ou la protection des animaux, tout ceci dans un contexte futuriste, fictionnel, nord-américain.

Choix de méthodes favorisant les compétences culturelles et la construction du savoir sur la bande dessinée :

  • Faire prendre conscience aux apprenants de leurs expériences préalables et de leurs représentations du genre, et les comparer à leurs expériences de lecture d’un choix d‘œuvres intégrales de la bande dessinée en classe
  • Effectuer des recherches sur les auteurs de bande dessinée et sur le contexte dans lequel une bande dessinée a été créée
  • Comparer des bandes dessinées d‘époques et de styles différents et les situer dans
    l‘historique du genre
  • Discuter de l‘importance culturelle de la bande dessinée dans les pays francophones et la comparer avec les traditions d‘autres pays (comic, graphic novel, manga, …)
  • Réfléchir sur les protagonistes d’une bande dessinée, sur leurs motifs, pensées et comportements dans leur contexte culturel et faire une comparaison avec les expériences des apprenants
  • Approfondir les thèmes (socioculturels, historiques ou politiques) contenus dans les bandes dessinées par des recherches de fond

4. Compétences langagières

Le travail linguistique avec et sur les bandes dessinées se caractérise par deux approches :

D‘une part, l’analyse des caractéristiques linguistiques spécifiques au genre de la bande dessinée (langage familier, onomatopées, …) ainsi que le vocabulaire spécialisé pour la description et
l‘analyse des moyens stylistiques spécifiques au genre (planche, vignette, bulle, …) peuvent être liés au travail sur la langue. L‘étude citée ci-dessus révèle que les apprenants prennent plaisir à découvrir et à réutiliser dans leurs propres productions le langage utilisé dans les bandes dessinées et à analyser ces dernières en utilisant le vocabulaire approprié.

D‘autre part, la bande dessinée peut être utilisée comme support pour effectuer un travail linguistique plus ou moins explicite. La lecture de bandes dessinées est en effet un excellent moyen d’enrichir son vocabulaire, parce que le genre se prête à l’acquisition – consciente ou inconsciente – du vocabulaire thématique et des structures syntaxiques et grammaticales pendant la lecture de bandes dessinées. En effet, la réduction du volume textuel dans une bande dessinée et le couplage unique entre le textuel et le visuel permettent à l’information d’être enregistrée à la fois dans la mémoire épisodique, responsable du souvenir des événements, et dans la mémoire sémantique, responsable du stockage de la signification des mots.

En outre, le vocabulaire acquis pendant la lecture sera réutilisé dans le cadre de productions personnelles explorant la dimension littéraire, esthétique et culturelle de la bande dessinée, par exemple le résumé du contenu, la rédaction d‘une opinion personnelle sur les bandes dessinées, l‘analyse et l‘interprétation d‘extraits choisis, la caractérisation de protagonistes ou des recherches approfondies sur les bandes dessinées.

Choix de méthodes favorisant les compétences langagières et communicatives

  • Analyser une bande dessinée et ses particularités langagières (langage oral, français familier, registres de langue, …)
  • Analyser les onomatopées et les comparer avec leur traduction en d’autres langues
  • Étudier les dialogues et le discours direct en identifiant les caractéristiques de la communication orale et familière, tout en considérant qu’il ne s’agit pas forcément d’un langage familier authentique, mais esthétisé
  • Élaborer et utiliser le vocabulaire pour la description et l‘analyse des bandes dessinées (p.ex. planche, vignette, bulle, cartouche, …)
  • Comprendre des mots inconnus à l‘aide des images et élaborer des champs lexicaux dans le contexte d‘une bande dessinée
  • Écrire ou dessiner une planche ou la fin d‘une bande dessinée et, le cas échéant, la comparer avec le texte original
  • Rédiger un résumé de l‘intrigue d’une bande dessinée et caractériser les protagonistes
  • Rédiger des monologues intérieurs du point de vue d‘un personnage
  • Décrire l‘ambiance d‘une vignette sans texte

1 lecture intensive : une lecture adaptée à des textes courts caractérisée par une recherche de tous les termes et expressions inconnus et par une compréhension détaillée du sens, lecture extensive : une lecture adaptée aux textes longs et qui ne nécessite pas une compréhension de chaque terme ou de chaque expression

1.1.3
L’Éducation au développement durable (EDD) en classe de littérature

Sandra Baumann

Au Grand-Duché, depuis désormais plus de 10 ans, l’EDD est un des thèmes centraux. Un comité interministériel a élaboré une Stratégie nationale d’éducation pour un développement durable. L’EDD a trouvé sa place dans les écoles, ainsi que dans les structures extrascolaires du pays.
Sa mission est la sensibilisation des élèves aux défis de notre société dans ses dimensions scientifiques, éthiques et civiques afin de les inciter à changer leurs comportements et d’agir en citoyens responsables pour les générations présentes et futures. Le but de l’EDD n’est pas « de prévoir des contenus « additionnels » par rapport à ceux qui existent déjà, mais de les intégrer de manière interdisciplinaire dans l’enseignement et l’éducation. » (MENJE, 2023).

Selon une étude internationale sur les contributions de l‘éducation au développement durable
à l‘éducation de qualité, les professeurs jouent un rôle important dans l‘enseignement de l’EDD (Laurie et al., 2016).

Dans les nouveaux manuels scolaires du cours de français de l’enseignement fondamental, les contenus et sujets qui sont au programme scolaire, sont intégrés dans une grande variation de thèmes autour du développement durable. Ces derniers ciblent un apprentissage de la langue française par le biais de thèmes tels que l‘eau ou l‘énergie. Ainsi, ils combinent d’une façon interdisciplinaire le cursus classique avec des contenus d’enseignement relatifs au développement durable et contribuent de cette manière au développement de la relation sensible des élèves au monde (Ministère de L’Education nationale et de la jeunesse, France, 2023).

« À l’échelle internationale, les écoles secondaires, fréquentées par un grand nombre d’enfants et de jeunes, sont au cœur de la discussion sur l’EDD. C’est là que sont posées les bases détaillées des connaissances, des normes et des valeurs qui pourront servir à une transition durable (Rapport sur l’éducation, 2021). »

Le rapport national de l’éducation a relevé que dans l’enseignement secondaire l’EDD est intégrée d’une manière exemplaire dans les programmes de biologie de 10e ainsi que dans le programme de Vie et Société qui incluent de nombreuses thématiques de développement durable, mais elle n’est pas encore incluse systématiquement dans toutes les matières (De Haan, 2021).

Le guide de l’UNESCO recommande l’intégration de l’EDD dans les manuels scolaires de toutes les matières ainsi que la lecture de textes littéraires. Dans un chapitre dédié aux matières de langues, les auteurs expliquent les potentiels des cours de langue et de littérature pour le traitement de cette thématique en salle de classe. La littérature ajoute une autre dimension à l‘enseignement et à l‘apprentissage des langues, à savoir les compétences d’interprétation et de réflexion. A l’aide de la littérature, les élèves apprennent à identifier des perspectives multiples sur un sujet, ainsi que les perspectives et les valeurs nécessaires pour un monde durable (UNESCO MGIEP, 2017).

La littérature de classe permet aux élèves de plonger dans les pensées et sentiments des autres, de comprendre leurs comportements et besoins et d’en discuter avec leurs camarades de classe. La multiperspectivité des actions dans les romans qui se déroulent dans des lieux et temps différents met en scène la complexité des sujets autour du développement durable et montre les différents points de vue des caractères sur une même thématique. Ainsi, la littérature qui traite des sujets de développement durable est capable de promouvoir la tolérance envers les opinions et les attitudes différentes. Dans les romans de science-fiction, comme dans le cas du manga «Darwin’s Incident», la littérature va au-delà du réel et donne aux élèves la possibilité d’imaginer ce à quoi notre avenir pourrait ressembler et comment nous aimerions vivre à l’avenir et ainsi d’apprendre à agir en citoyens responsables pour les générations présentes et futures. (Surkamp, 2022).

 

Bibliographie :
De Haan, Gerhard. (2021). L’éducation au développement durable au Luxembourg. État des lieux. Rapport national sur l’éducation. DOI: https://doi.org/10.48746/bb2021lu-fr-42
Laurie, Robert. Nonoyama-Tarumi, YukoMckeown, Rosalyn, Hopkins, Charles. (2016). Journal of education for sustainable development. Contributions of Education for Sustainable Development (ESD) to Quality Education: A Synthesis of Research. New Delhi, India: SAGE Publications. Vol.10 (2), p.226-242.
Ministère de L’Education nationale et de la jeunesse, France. (2023). https://www.education.gouv.fr/l-education-au-developpement-durable-7136
Ministère de L’Education nationale et de la jeunesse, Luxembourg. (2023). Portail de l’éducation au développement durable. https://bne.lu/
Surkamp, Carola (Hrsg). (2022). Bildung für nachhaltige Entwicklung im Englischunterricht. Grundlagen und Unterrichtsbeispiele. Blick nach vorn. Der Beitrag des Englischunterrichts im Kontext einer Bildung für nachhaltige Entwicklung. 29-33.
UNESCO Mahatma Gandhi Institute of Education for Peace and Sustainable Development. (2017). Textbooks for sustainable development: a guide to embedding. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000259932.locale=en

 

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